Luiz Inácio Lula da Silva
Luiz Inácio Lula da Silva
Ancien syndicaliste devenu figure centrale de la vie politique brésilienne, Luiz Inácio Lula da Silva a été président du Brésil de 2003 à 2010, avant d’être réélu en 2022 dans un contexte de crise sociale, environnementale et institutionnelle. Son retour au pouvoir s’accompagne de promesses fortes en faveur des droits des peuples indigènes, mais se heurte à un Congrès dominé par des intérêts ruralistes et conservateurs, farouchement opposés à toute avancée dans ce domaine. Depuis lors, les attaques législatives contre les droits territoriaux des peuples autochtones atteignent un niveau inédit depuis la dictature militaire, culminant notamment autour du projet de Marco Temporal, une norme visant à remettre en cause la validité de nombreuses démarcations déjà reconnues.
Dès les premiers jours de ce troisième mandat, Lula a cependant engagé une série de mesures marquantes : relance des démarcations territoriales, nomination d’une indigène à la tête de la FUNAI, et création inédite d’un ministère des Peuples indigènes. Ces trois décisions répondent point pour point aux demandes du Cacique Raoni Metuktire, formulées dans une lettre rédigée dans son village de Metuktire, dans le sillage de son interview pour le film Amazonia, Cœur de la Terre Mère. Face caméra, il en livre le contexte : les attentes pour l’avenir, mais aussi les blessures du passé — et notamment le barrage de Belo Monte, symbole d’une trahison ressentie. Cette lettre, remise en main propre à Lula par les réalisateurs lors d’un entretien filmé à Brasília en mai 2022, devient, de manière inattendue, un levier de dialogue. Qu’elle ait conforté une orientation politique ou ravivé un lien distendu, le fait est là : les mesures suivront dans les mois qui s’écoulent.
Ce rapprochement prend une dimension publique le 1er janvier 2023, lors de la cérémonie d’investiture. Sur la rampe du Palais du Planalto, Lula est accompagné d’un petit groupe de figures représentatives, parmi lesquelles le Cacique Raoni Metuktire — seul représentant indigène. Ensemble, ils gravissent les marches jusqu’au sommet, où l’écharpe présidentielle lui est remise. Une image forte, relayée dans le monde entier, qui vient sceller une réconciliation attendue, sans effacer pour autant les cicatrices du passé.
Mais cette réconciliation, si puissante soit-elle, n’efface ni le passé ni les exigences du présent. En avril 2025, lorsque le président Lula se rend dans le village de Piaraçu pour remettre au Cacique Raoni l’Ordre du Mérite national, ce dernier lui exprime avec clarté son opposition au projet d’exploration pétrolière dans le delta de l’Amazone. Une prise de position ferme, qui rappelle que cette confiance renouvelée repose non sur l’oubli, mais sur une vigilance constante.
Dans Amazonia, Cœur de la Terre Mère, le dialogue croisé et la rencontre entre ces deux figures historiques — l’un chef d’État, l’autre gardien de la forêt — donnent lieu à une confrontation respectueuse mais chargée de mémoire et d’attentes. L’interview exclusive de Lula, tissée à plusieurs moments du film, révèle un homme conscient des limites de l’action politique, mais aussi du rôle qu’il peut — et doit — jouer dans la reconnaissance des peuples indigènes et la préservation de l’Amazonie. Un moment de vérité à la croisée des chemins entre réparation, responsabilité et espoir.